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Xavier Driencourt : Le président Tebboune est allé trop loin

8:07 PM - 24 mai, 2025
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Photograph: AP

Le mois dernier nous avons entendu l’analyse algérienne sur la crise entre les relations franco-algériennes et afin d’avoir un équilibre, nous nous sommes entretenus avec Xavier Driencourt, diplomate français et ambassadeur de France en Algérie (2007-2012, 2017-2020). L’entretien a été mené par Denys Kolesnyk, consultant et analyste français, président du MENA Research Center.

L’Algérie a récemment annoncé l’expulsion de 15 agents français, marquant une nouvelle escalade dans la crise diplomatique entre Paris et Alger. Pourriez-vous expliquer les raisons de cette crise et les dynamiques ayant conduit à cette intensification des tensions ?

On l’oublie parfois, mais la crise actuelle entre la France et l’Algérie trouve son origine dans une décision prise par la France le 30 juillet 2024 quand le président de la République Emmanuel Macron a adressé une lettre au roi du Maroc Mohammed VI, reconnaissant officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Dans cette lettre, des formules particulièrement fortes ont été utilisées, affirmant notamment que « La France considère que le présent et l’avenir du Sahara Occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Sans surprise, cela a provoqué une réaction négative de la part d’Alger ouvrant la voie à une nouvelle crise franco-algérienne.

Xavier Driencourt

Depuis juillet 2024 une nouvelle crise s’est installée, marquée par une escalade continue des tensions. Les relations entre la France et l’Algérie, historiquement marquées par des cycles d’amélioration et de dégradation, sont aujourd’hui à leur plus bas niveau depuis l’indépendance algérienne en 1962. On a effectivement, comme vous l’avez dit, assisté à l’expulsion de diplomates français en Algérie et l’expulsion de diplomates algériens en France, ce qui est une situation inédite. Le seul précédent similaire remonte à 1983 où nous avions expulsé les agents soviétiques,  dans l’affaire dite « Farewell ».

Depuis juillet dernier, nous observons donc une escalade dans la tension entre la France et l’Algérie, jusqu’à atteindre aujourd’hui une rupture complète des relations. Autrement dit, les ponts semblent désormais coupés.

Enfin il faut peut-être rappeler que la décision de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, le 30 juillet dernier a été prise par un gouvernement français démissionnaire, chargé d’expédier les affaires courantes, suite à la démission de Gabriel Attal après la dissolution de l’Assemblée nationale. Par conséquent, d’un point de vue juridique, un tel gouvernement n’avait sans doute pas le pouvoir de prendre des décisions aussi importantes, qui n’entrent pas dans la définition jurisprudentielle des « affaires courantes » ; ceci rend cette reconnaissance fragile d’un point de vue juridique, même si politiquement, tel n’est pas le cas, ce qui a entraîné des conséquences graves dans la relation avec l’Algérie.

Pour résumer, cette crise apparaît, au moins de mon point de vue personnel, comme un fiasco de la diplomatie française.

Et donc selon vous, cette décision pourrait être réversible, vu la fragilité que vous venez d’évoquer ?

Absolument pas. Aujourd’hui le Président a fait le choix du Maroc et cette décision est irréversible. Par ailleurs, vous noterez que dans le communiqué qui a été publié par Alger lors de la visite début mai du ministre des Affaires étrangers français Jean-Noël Barrot, à aucun moment il n’est fait mention du Sahara occidental. Donc, les Algériens ont fait une croix sur cette affaire.

Et cela nous mène en fait à notre deuxième question. En mars dernier, une tentative a été faite pour désamorcer cette crise. Les présidents Macron et Tebboune se sont entretenus dans le but d’apaiser les tensions. Bien qu’ils se soient mis d’accord sur un certain nombre de mesures visant à améliorer la situation, cette initiative ne semble pas avoir porté ses fruits. Comment expliqueriez-vous l’échec de cette tentative d’apaisement ?

Il y a eu, comme vous l’avez rappelé, un appel téléphonique entre les présidents Tebboune et Macron, puis l’envoi du ministre Barrot à Alger. Auparavant, le président algérien avait prononcé un discours qui semblait ouvrir une porte, en déclarant : « Mon interlocuteur, c’est le président Macron ou la personne qu’il voudra bien désigner. » Cette personne, justement, était le ministre Barrot — une manière d’éviter que ce soit M. Retailleau qui représente la France dans ce dialogue avec l’Algérie.

Au moment de la visite de M. Barrot, on pouvait donc espérer un déblocage de la crise. Et puis, patatras : une affaire judiciaire est venue parasiter cette dynamique, avec l’arrestation d’un agent du consulat algérien à Créteil, impliqué dans l’enlèvement d’un influenceur algérien, Amir Dz. Peu après, le premier secrétaire de l’ambassade d’Algérie a également été mis en cause, et l’affaire a pris une tout autre tournure.

C’est à partir de là que les tensions se sont intensifiées. Alger a réagi en expulsant 15 diplomates français, Paris a répondu en expulsant à son tour 15 diplomates algériens issus des consulats. Et tout récemment, la semaine dernière, Alger a refusé l’entrée sur son territoire à 15 agents envoyés avec des passeports diplomatiques pour une mission temporaire de 90 jours. Ce refus constitue une violation de l’accord de 2013 sur les passeports diplomatiques.

Et comment est-ce que nous avons réagi ?

Nous avons réagi avant-hier avec la décision de la France de ne plus reconnaître la validité de l’accord de 2013 sur les passeports diplomatiques. Puisque Alger bloquait l’entrée sur son territoire de titulaires de passeports diplomatiques français, le gouvernement a publié un communiqué indiquant que, désormais, les Algériens détenteurs de passeports diplomatiques devront, eux aussi, obtenir un visa pour entrer sur le territoire français.

Vous avez été ambassadeur de France en Algérie à deux reprises, de 2008 à 2012, puis de 2017 à 2020. Quels étaient les principaux enjeux et défis affectant les relations bilatérales durant ces périodes ? Et quelles difficultés avez-vous personnellement rencontrées en tant que chef de mission à Alger ?

J’ai effectivement été ambassadeur à Alger à deux reprises, à des périodes très différentes, et dans des contextes qui l’étaient tout autant. Mon premier mandat s’est déroulé sous Bouteflika, mais un Bouteflika qui avait encore tous les pouvoirs et toute sa lucidité. La relation était déjà complexe — c’est dans la nature même des relations franco-algériennes d’être compliquées. Il y avait déjà des tensions.

Lorsque je suis arrivé à Alger, en juillet 2008, un diplomate algérien avait été arrêté en France par un juge d’instruction. Et ce n’était pas n’importe qui : c’était le chef du protocole du président Bouteflika, un représentant des affaires étrangères. Cette affaire a provoqué une crise diplomatique majeure, que l’on a tendance à oublier aujourd’hui. Pendant un an, un an et demi, les relations ont été très tendues entre Paris et Alger, au point qu’aucun ministre français ne pouvait se rendre en Algérie — les autorités algériennes refusaient toute visite ministérielle.

La situation s’est finalement débloquée grâce à une forme de médiation menée par l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui a passé huit mois à tenter de recoller les morceaux. Progressivement, les relations se sont rétablies : le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, et le conseiller diplomatique du président, Jean-David Levitte, sont venus à Alger. À la fin de mon mandat, à partir de 2010, les relations étaient excellentes. C’était l’époque du « tout va bien », on s’embrassait presque.

Mais mon deuxième mandat a été d’un tout autre ordre. J’ai connu trois périodes distinctes. La première année, Bouteflika était encore Président mais très malade : il ne parlait plus, ne recevait plus de visiteurs étrangers. La situation politique intérieure était extrêmement tendue, car tout le monde politique spéculait sur sa succession.

La deuxième phase, c’est celle de l’année 2019 jusqu’au début 2020 : une année très difficile, marquée par le Hirak, ce vaste mouvement de contestation populaire qui a conduit à la démission de Bouteflika.

Enfin, la troisième période correspond au début du mandat du président Tebboune. Là encore, un nouveau contexte, de nouveaux repères. Quant au dossier du Sahara occidental, on en parlait bien sûr, mais ce n’était pas un sujet central dans les relations bilatérales ni une source majeure de difficulté à l’époque. Les Algériens connaissaient notre position équilibrée.

Mais que peut-on faire concrètement pour sortir de cette crise ? Peut-être avez-vous quelques idées à ce sujet ?

Non. La situation est bloquée et il n’y a pas vraiment de marge de manœuvre. À mon sens, la crise risque de durer jusqu’en 2027, jusqu’à la prochaine élection présidentielle française. Je ne vois pas de véritable issue avant cette échéance.

Il y a peut-être deux ou trois scénarios possibles — même si ce que je vais dire relève davantage de l’hypothèse ou de la politique fiction:

Premier scénario, le plus sombre : on pourrait aller jusqu’à une rupture des relations diplomatiques, qui pourrait intervenir, par exemple, autour du 5 juillet, date anniversaire de l’indépendance algérienne. Alger pourrait ainsi espérer capitaliser sur cette date et cette soi-disant fermeté vis-à-vis de l’ancien colonisateur. Mais une rupture, malgré l’apparence de fermeté, emporterait des conséquences très négatives pour le système algérien qui n’est peut-être pas prêt à en payer le prix.

Un deuxième scénario serait au contraire la recherche  de l’apaisement, toujours autour du 5 juillet, avec la grâce accordée à Boualem Sansal. Même dans ce scénario, la normalisation avec Paris sera difficile, tant Alger aura été responsable des dégâts créés. Parmi ces dégâts, il y en a un dont on parle peu, c’est l’image totalement négative, désormais, de l’Algérie en France. Ce pouvoir aurait besoin d’une bonne agence de communication !

Une troisième hypothèse pourrait être la suivante : au sein du « système » politique algérien, système de pouvoir, on l’oublie, qui n’est pas homogène, certains acteurs pourraient à un moment donné, dire au Président Tebboune qu’il est allé trop loin, qu’il a provoqué des tensions inutiles, que sa politique étrangère est un échec. Aujourd’hui, l’Algérie est brouillée avec le Maroc, la France, le Mali, le Niger, la Libye, et même avec les Émirats arabes unis. Et le Président Tebboune n’a même pas été à Moscou le 9 mai dernier, alors que de nombreux dirigeants étrangers s’y trouvaient. Cela traduit un isolement croissant du pays qu’on sous-estime sans doute.

Ces trois hypothèses peuvent d’ailleurs être cumulatives.

Le mois dernier, nous avons mené un entretien avec un expert algérien afin de discuter des différends accumulés entre la France et l’Algérie. Il avait notamment évoqué l’existence d’une « dette mémorielle » que les deux pays devraient, selon lui, solder pour améliorer leurs relations bilatérales.

C’est une thématique qui revient fréquemment dans le discours officiel algérien : cette idée de dette mémorielle présentée comme un préalable indispensable à toute normalisation. Mais il faut, à un moment donné, savoir tourner la page. La dette, si dette il y avait, a été payée. L’Algérie est indépendante depuis 1962, cela fait maintenant 63 ans.

Et il faut reconnaître que la France, ces dernières années — notamment sous l’impulsion du président Macron — a fait de nombreux gestes importants en matière de reconnaissance du passé. Pourtant, l’Algérie continue de réclamer toujours davantage, en matière de reconnaissance ou de repentance. Cela tient en grande partie au fait que cette revendication mémorielle constitue le socle de légitimité du régime actuel.

Il est peut-être temps de dire clairement que cela ne peut pas durer éternellement. À un moment, il faut avancer et tourner la page. Regardez le Vietnam qui a autant souffert de la colonisation française : le Président de la République entame une tournée en Asie par une visite d’Etat au Vietnam, sans que l’on ressasse le passé.

Alors, selon vous, quelles seraient les mesures concrètes à prendre — en dehors bien sûr de cette question de la « dette mémorielle » réclamée par l’Algérie — pour résoudre, ou du moins commencer à résoudre, les problèmes accumulés dans la relation bilatérale ? Imaginons, par exemple, un contexte post-2027, après Emmanuel Macron : que pourrait-on faire ?

Je pense, encore une fois, que rien ne bougera d’ici 2027. Il faudra attendre cette échéance pour envisager une remise à plat de la relation avec l’Algérie. C’est, à mon avis, la seule voie possible. Parce qu’on ne peut pas continuer comme ça. On voit bien que la politique menée par le ministre Barrot et le président Macron ne débouche pas sur grand chose. Comme je le disais, l’affaire du Sahara constitue un fiasco diplomatique. En 2027, il faudra donc repenser entièrement notre relation avec l’Algérie.

Imaginons que les Algériens nous disent : « De toute façon, puisque vous avez reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, cela restera un obstacle permanent entre nous. » Est-ce bien possible ?

Non. Il faut que ce soit clair — cette question est désormais réglée. Elle ne peut plus rester comme une pierre d’achoppement perpétuelle dans notre relation.

Aujourd’hui, cette question est devenue un prétexte, et il faut dire clairement que c’est terminé. L’Algérie est pratiquement le seul pays à continuer de reconnaître le Sahara occidental et à soutenir le Front Polisario. La plupart des autres pays adoptent une approche plus pragmatique et reconnaissent que le Maroc mène une diplomatie très active sur le continent africain. De nombreux États africains penchent désormais en faveur du Maroc.

Le Maroc, par ailleurs, a connu un réel développement économique. Il suffit de regarder les liaisons aériennes de Royal Air Maroc, qui, à l’image de Turkish Airlines, dessert l’ensemble du continent africain. Le Maroc est souvent cité comme un modèle de développement : il ne dispose ni de gaz ni de pétrole, mais il s’appuie sur une agriculture performante, une industrie solide — notamment une industrie automobile de pointe. Si vous allez à Tanger, vous serez impressionné par l’ampleur du site industriel. Le pays possède également une industrie touristique dynamique.

L’Algérie, de son côté, a choisi un autre modèle de développement. C’est son droit, mais ce n’est pas à la France d’en porter la responsabilité. Il est temps d’arrêter de culpabiliser la France pour des choix et des erreurs qui relèvent exclusivement des autorités algériennes.

L’Algérie entretient des relations privilégiées avec la Russie : il y a eu des achats d’armes, de nombreux accords… et cela soulève des questions, notamment parce que les actions de Moscou menacent aujourd’hui la sécurité européenne. On sait que la Russie est engagée dans une guerre contre l’Ukraine et représente une menace directe pour le flanc Est de l’OTAN. Dans quelle mesure cette proximité entre Alger et Moscou influence-t-elle les relations franco-algériennes ?

C’est en effet un élément exogène important dans la relation bilatérale entre la France et l’Algérie. Cette proximité pourrait potentiellement perturber les choses si Moscou décidait de jouer cette carte pour mettre la pression sur le président Macron, qui, on le sait, est très actif sur le dossier ukrainien.

Mais encore une fois, il ne faut pas surestimer cette relation. Comme je le disais tout à l’heure, l’Algérie est aujourd’hui diplomatiquement isolée. Elle est en froid avec de nombreux pays, et ses relations avec la Russie ne sont pas aussi exceptionnelles qu’on pourrait le croire. La Russie de Poutine a d’autres priorités : sa priorité absolue, c’est l’Ukraine, pas l’Algérie.

On a aussi constaté il y a quelques mois que Moscou n’est pas intervenu pour sauver Bachar el-Assad dans une situation critique. Alors, est-ce que la Russie interviendrait un jour pour « sauver » Tebboune ? C’est une vraie question. Rien ne permet de le garantir.

C’est une très bonne question. Et puisque nous avons évoqué la Russie tout à l’heure, quelle est, selon vous, l’approche de l’Algérie en matière de politique étrangère vis-à-vis des États-Unis ? On sait que le Maroc entretient d’excellentes relations avec Washington. Et si l’on élargit un peu la perspective, quel est le positionnement de l’Algérie par rapport aux grandes puissances comme la Chine, les États-Unis, et bien sûr l’Union européenne ?

L’Algérie entretient de bonnes relations avec la Chine, mais celles-ci restent essentiellement commerciales. La Chine est très présente en Algérie à travers de nombreux projets d’infrastructures.

En revanche, sur le plan militaire et politique, l’Algérie est plus proche de la Russie, héritière de l’URSS avec laquelle elle a tissé des liens dès les années 1960.

Quant aux États-Unis, la relation est plus ambiguë. L’Algérie craint en réalité les États-Unis, car elle les perçoit comme une superpuissance globale : atlantique, européenne, méditerranéenne, économique et financière. Plusieurs facteurs nourrissent cette méfiance.

D’abord, les États-Unis sont un allié stratégique d’Israël, ce qui est mal perçu par Alger. Ensuite, Washington entretient également une alliance solide avec le Maroc. Les Accords d’Abraham ont d’ailleurs renforcé ce triangle États-Unis–Israël–Maroc, ce qui isole davantage l’Algérie.

Enfin, l’Algérie redoute une possible évolution de la position américaine à l’égard du Front Polisario. Si un futur président américain — notamment quelqu’un d’imprévisible comme Donald Trump — décidait de classer le Polisario comme organisation terroriste, à l’image de ce qu’avaient été les décisions prises à l’égard de l’OLP, ce serait un coup dur pour Alger. Cela remettrait en cause son soutien à ce mouvement et pourrait compliquer ses relations économiques avec Washington.

Et puis, pour terminer notre entretien, je voudrais vous interroger au sujet du Mali. Récemment, il y a eu des tensions dans la région du sud de l’Algérie et du nord du Mali. Pouvez-vous nous expliquer, même brièvement, pourquoi on observe une présence militaire algérienne importante dans le sud du pays ? Et plus généralement, quel est le rôle de l’Algérie dans cette zone ?

La frontière sud de l’Algérie est extrêmement poreuse, car elle traverse le désert du Sahara. Il y a 3000 km de désert partagé avec le Mali, autant avec la Libye et avec le Niger. Pour l’Algérie, c’est donc une zone stratégique majeure. Le Mali a toujours été considéré comme l’arrière-cour de l’Algérie, sa profondeur géographique. C’est pourquoi l’Algérie a toujours œuvré en faveur de la stabilité du Mali. Elle a notamment joué un rôle central dans les accords d’Alger en 2005 pour la réconciliation malienne.

Mais aujourd’hui, il y a eu une rupture avec le Mali. En septembre dernier, lors d’une session à l’ONU, le ministre malien des Affaires étrangères a qualifié le représentant algérien d’« énergumène ». Les militaires maliens ont expulsé l’Algérie. C’est la première fois depuis 1962 que l’Algérie subit un tel revers à sa frontière sud. Cet échec est d’autant plus significatif que la Russie, par l’intermédiaire du groupe Wagner, soutient désormais les militaires maliens contre l’influence algérienne. Cela illustre la complexité du jeu géopolitique actuel dans la région.

Tous les droits de publication et les droits d’auteur sont réservés au MENA Research Center.

Tags: AlgérieFranceMacron Emmanuel

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